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Les ECHOS du CIREF
23 août 2014

ENJEUX DE L'HISTOIRE ET DE LA CULTURE NOIRES DANS LE PROCESSUS ACTUEL DE DEMOCRATISATION DES ETATS DE L'AFRIQUE MODERNE

ESSAI SUR LA RESOLUTION DE L'ENIGME DE LA SOUVERAINETE DANS LE MONDE NOIR (KEMIT)

NOUVEAUX MATERIAUX THEORIQUES SUR LA QUESTION NOIRE ET SES RETOURNEMENTS ACTUELS COMME ASSOMPTION DU DESTIN

DE LA VERITE ET DE L'ESSENCE REDEMPTRICE D'UNE HUMANITE PERDUE.

 Professeur Gregoire Biyogo - Institut Cheikh Anta Diop - Libreville (Gabon)

 Partie II : PERSECUTIONS ET DEPORTATION : DU CATACLYSME DE L'HISTOIRE DE KEMIT A LA

RE-TERRITORIALISATION D' UNE PENSEE MODERNE ET AUTHENTIQUE.

 1. AU COMMENCEMENT ETAIT LE COMMERCE TRANSATLANTIQUE...

   L'histoire de kémit connaît son mauvais tournant avec la Traite des Noirs. Commerce odieux, commerce Triangulaire, Commerce , à la vérité, inqualifiable et qui demeure l'impensé de la modernité du Droit et de la philosophie en terre d'Occident. Comment en est-on venu à la mise en capture de l'homme ? cette question - la plus violente de toute la pensée (Hety), parce qu'en elle l'Esclavagiste anéantit l'humanité de Kémit, et néantise la Raison - est autrement insoutenable lorsqu'elle s'énonce dans la grammaire propre de sa déclinaison, dans le territoire originel de sa formulation, dans le nom propre de son commerce, escaladant les murs en forclusion de ses chaînes : comment l'esclavagiste Blanc a-t-il pu penser instituer et prolonger pendant près de cinq cents ans le commerce de l'Autre, notamment de son Autre radical - l'homme Noir ? Et qu'en est-il aujourd'hui qu'on ne statue pas toujours juridiquement sur ce commerce proprement inhumain, qui a coûté à l'Afrique au moins 200 millions de morts, une déstabilisation économique, stratégique et culturelle aux lésions incalculables ? Inévitable, insubmersible, cette question est demeurée informulée - informulable même. Elle est restée inquestionnée - inquestionnable - par le savant et le philosophe occidental. C'est que, chaque fois, il a reculé devant la terribilité de sa consonance et la violence de ses fins. La réponse à cette question est tout aussi terrible, aussi est-elle demeurée innommable : c'est l'économisme et la criminabilité de la culture occidentale blanche ainsi que son esprit faustien  - son pacte avec les forces du Mal - qui l'ont poussé à tuer sans cesse le Nègre. Car derrière le Nègre, se tient le Père égypto-nubien, l'Ancêtre de la vie, de la civilisation, du monothéisme solaire, des sciences et de la philosophie... Contre Faust, le philosophe et l'épistémologue Kémit pense avec le Spinx. Contre la raison faustienne, le philosophe Kémit réinvestit la raison maâtique. Contre la violence du Même sans origine ni fin, Kémit régènère la sérénité de l'origine désoriginée du Noun, de l'Ailleurs absolu. Contre la différence occidentale du Même, la divisibilité abyssale kémit de l'Un, de l'Unité... Du multiple de l'Un triangulé. Pourtant après ce violent meurtre du Père Noir de l'humanité, l'Occident et dans une large mesure l'Orient, devaient demeurer comme captifs de leur propre histoire. En effet, comment écrire l'histoire de l'humanité en occultant le chaînon africain qui l'origine, en raturant et en mettant en épochè le nom propre de son commencement, qui se décline dans la Région des grands Lacs ? Prise au piège de cette falsification de l'origine de l'humanité, ne fallait-il pas, au moins pour surmonter la contradiction, effacer les traces anciennes du passé de l'Ancêtre Noir, lui inventant des théories fictives, sans la moindre cohérence historique, logique ni scientifique...On devait ainsi minorer ses inventions ou proprement les rayer de toute lisibilité. On rayait le Noir des Livres anciens qu'il avait initiés, des Livres sacrés qu'il avait écrits, des Livres des origines qui contaient ses origines, de la tradition du Livre et de l'Ecriture, qu'il avait pourtant lui même inventée. Il fallait falsifier son histoire, abaisser sa figure, nier son origine et son histoire, différer sa différence, l'absolutiser, la portant aux confins de son abolition, néantisant son être. Ce faisant, on humanisait l'inhumain visage du blanc esclavagiste, du Négrier barbare, et de l'odieux Commerce des Noirs faits esclaves. On rendait supportable, par la lettre et par l'esprit de la Loi, la plus abominable juridiction de l'histoire : le Code Noir. On le justifiait comme jamais avant on eût adoubé en terme d'infamie la dévalorisation de l'idée même d'humanité. Car le procès le plus cinglant de la Traite, celui qui retourne la Traite contre sa grammaire marchande se tient là, dans la négation du titre d'humanité aux Noirs. Les Codes Noirs réitèrent mot pour mot cette imposture juridico-politique. Ce serait donc au nom de sa non-humanité qu'on s'autoriserait toutes les monstruosités et toute bestialité sur Kémit. Et, aujourd'hui encore, le fin mot de l'affaire est là, dans cette division de l'humanité selon qu'elle est occidentale ou non occidentale... Ainsi scotomisés, mis en ombre, on les jetterait, ces Noirs, dans les gorges complices et béantes des Navires sauvages de la Mort, enchaînés comme des bêtes de somme... On jetterait dans les eaux immondes de la mer, ceux d'entre eux qui faibliraient. Ils n'auraient pas d'histoire, pas de mémoire, pas de sépulture. On les multiplierait sans cesse, en massacrerait comme on les avait arrachés, décimés, déportés d'une Afrique alors hautement acquise à la civilisation... On le voit, le crime contre les Noirs, est inséparable du crime contre la vérité - sur l'origine de la vie (les grands Lacs), de l'histoire de l'humanité (la civilisation égypto-nubienne), du savoir (les prêtres astronomes et philosophes de Nubie et de Memphis) et de la spiritualité (la Révolution solaire et monothéiste akhénatonienne). Ainsi, le crime contre les Noirs n'est pas seulement un crime contre la vérité scientifique et historique, il est encore et fondamentalement un crime contre l'humanité en Kémit niée. Crime enfin contre Dieu, essence de la vérité et de la justice. De la lumière du savoir et de la Révélation. Double crime d'ignorance - d'inculture - et d'athéisme. Double rejet de la question radicale de la philosophie : peut-on connaitre sans arrimer connaissance et vérité et espérer émanciper l'homme et le monde ? Connaître n'est-ce pas travailler à la rectification constante des mensonges de l'histoire et de la science, et à produire une pensée juste. Un questionnement correct, pertinent ? Sans Maât , nulle connaissance authentique possible. Ni la question radicale de toute ontologie : qu'est-ce que l'Etre ? De la théologie première : qu'est-ce donc que Dieu ? Qu'est-ce qui donc relierait l'homme à Dieu, si ce n'est l'exercice de la vérité ? C'est ici que la Traite Négrière se donne à lire comme essentialisme obscurantiste et athéistique 

   2) DE L'IMPASSE ONTOLOGIQUE DE LA PHILOSOPHIE MODERNE A LA RE-LOCALISATION DE LA PENSEE KEMIT DU NOUN...  

       L'Etre? nous dit HEIDEGGER, est inconnaissable par l'Occident. Du moins par toute forme de connaissabilité qui réduirait l'exigence de vérité à une concordance entre la chose et son énoncé, et qui résoudrait à ramener l'Etre à une idée transparente, visible, achevée, représentable. Or, une telle connaissabilité est récurrente de PLATON à ARISTOTE et de KANT à HEGEL...Elle a désontologisé la philosophie d'Occident. Et a dé-spiritualisé le monde moderne. Car l'Etre se dévoile/voile contre toute pensée de la volonté et de l'identité. La philosophie de la volonté s'est retournée en une tyrannie, qui n'accédera jamais à la vérité inapprochable de l'Etre, à l'essence inapprochable de la vérité...L'Etre lui-même est irrémédiablement inaccessible. La philosophie des Mystères Kémit dit l'Etre inapprochable. Le Noun porte en lui une part irrémédiablement intraduisible... La Raison ici n'a pas prétention de tout réduire à sa transparence, à sa lisibilité. La  Raison rompt avec l'esprit de capture, se rompt elle-même de ce point de vue pour s'ouvrir à l'Etre, au Noun... Sans doute HEIDEGGER n'a t-il pas pu nommer cette délocalisation nilotique du lieu premier de la philosophie, qui s'était enfermé dans le dogme du " miracle grec" qu'aucun historien de la philosophie et que nul égyptologue ne sauraient raisonnablement accréditer aujourd'hui... Toutefois son silence même ouvre une béance glacée, par son déni d'une ontologie fondamentale en terre d'Occident, et force la philosophie à se transporter à nouveau sur les rives du Nil où le chant du Sphinx a éclôt... (à suivre)

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