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Les ECHOS du CIREF
8 avril 2014

ENJEUX ET PERSPECTIVES DE LA MONDIALISATION FACE A L'AFRIQUE - COLLOQUE UNESCO - INTERVENANT : Docteur Yves Kounougous

C'est une prise de conscience plus importante de ce phénomène qu'est la mondialisation, de la part des décideurs politiques, que ce soit par le président camerounais Paul Biya qui lors de la conférence  " AFRICA 21 " tenue en Mai 2010 à Yaoundé déclarait, je cite : " Les défis à relever sont nombreux, l'Afrique posséde quand même ses propres solutions " ou bien ceux clamés par le président congolais Denis Sassou Nguesso au 25 ième Sommet Afrique - France, à Nice : " Lorsqu'il y a une grave crise économique dans le monde, on ne peut pas continuer à se réunir sans l'Afrique et prendre des décisions sur l'Afrique pour le compte du monde entier, c'est aussi ça la gouvernance mondiale " vision amplifiée par la nouvelle philosophie mondiale voulue au XXI siècle par l'ex président français Nicolas Sarkozy qui, tout en désignant l'année 2010 comme l'année en France de l'Afrique, proclamait, je cite : " Il faut être prêt à faire une place à l'Afrique dans la gouvernance mondiale. Aucun, absolument aucun des grands problèmes auxquels notre monde est confronté ne pourra trouver de solutions sans la participation active du continent africain " c'est donc bien cet ensemble d'interventions qui a permis d'une part, de créer les conditions nécessaires et minimales pour que le continent africain, par l'entremise de son génie créateur, puisse repenser, réinventer, déconstruire la globalisation, et redonner à l'Afrique ses lettres de noblesse ; d'autre part, c'est aussi cette convergence de prises de positions politiques qui a mis en évidence la présence d'une cassure historique et géopolitique, où la représentation unilatérale du monde, durant quatre siècles, par les cinq grands (Grande-Bretagne, Chine, France, Etats-Unis, Russie) agencée autour d'un centre prédominant (l'Occident) et d'une périphérie endémiquement stagnante a atteint ses limites, au point d'être dans l'obligation, primo : de se résigner à ne plus pouvoir détenir le monopole technologique, culturel, militaire, industriel, et économique, face à l'apparition d'un monde multipolaire ; secundo : d'accepter pour tout dire un décentrement du monde qui induit une redistribution des cartes.

  La montée en puissance de la mondialisation, phénomène se définissant comme un processus de mise en relation des différentes parties du monde par la multiplication des flux de toute nature (capitaux, marchandises, Hommes, valeurs et informations) est due, au néolibéralisme des années 1980 et à ses principaux acteurs (Fonds Monétaire International, véritable plaque tournante financière ; Les Firmes multinationales - 60 000 Firmes avec 800 000 Filiales, implantées essentiellement dans les vieux pays riches, les 200 premières réalisant le quart de la production mondiale et du commerce international ; Les pays industriels développés, ceux d'abord à haut niveau de vie, ensuite les pays industrialisés en restucturation (ex bloc soviétique), enfin des Nouveaux Pays industrialisés d'Asie - NPIA - Singapour) ; Ces principaux acteurs n'ont jamais cessé d'accroitre leur emprise hégémonique au sein de l'espace mondialisé, au point d'uniquement se concentrer et se consacrer aux pays industriels développés, dans le cadre d'une triade qui désigne le trio de puissance majeure dans le monde, à savoir l'Asie (avec le Japon et la Corée du Sud), l'Union Européenne ( l'Europe occidentale), et l'Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada), ceux sont les véritables pouvoirs économiques du monde dans la mesure où cet archipel mégapolitain rassemble les pouvoirs transnationaux (sièges sociaux des firmes multinationales), abrite les marchés planétaires financiers (Londres, Tokyo, Paris), les centres et grandes capitales du pouvoir politique (New York, Bruxelles, Genève), draine les grands pôles économiques (Port de Rotterdam, Singapour) et technologiques mondiaux (Universités et Technopoles : Tokaïdo, Silicon Valley) au point d'être devenus le moteur et les véritables centres d'impulsion de la mondialisation car ces pays représentent 80 % des échanges mondiaux, exclusivement entre eux ; 70 % de la production ; 90 % des opérations financières ; 80 % des nouvelles connaissances scientifiques ; 85 % de la recherche ; 20 % de la population mondiale.

 En dépit de l'interventionnisme contraignant du Fonds monétaire international, qui conditionne son aide par le choix pour tout Etat d'une politique économique libérale ; Nobnostant la présence, l'existence de pays émergents (BRIC - Brésil, Russie, Inde, Chine, plus Mexique et L'Afrique du Sud) qui se caractérisent par un indice de développement élevé (IDH), une croissance économique et une participation plus importante au marché mondial, des investissements directs de l'étranger (IDE) non négligeables ;  Les Espaces du Sud (82 % de la population mondiale soit 1/3 de la population mondiale de la planète qui ne produit que 24 % de la richesse) se scindent en un Sud émergent composé de puissances régionales et de géants démographiques, que côtoient les pays rentiers pétroliers (Iran, Vénézuela, Arabie Saoudite, Mexique, Libye, Algérie, Nigéria) et un Sud en constante paupérisation, que l'on désigne par  PMA - pays moins avançés - et qu'on localise essentiellement au niveau de l'Afrique Sub-saharienne à l'exeption de l'Afrique du Sud.

 Confrontée à cette emprise hégémonique et tentaculaire sans précédent, où le développement de l'espace mondialisé est inégalitaire, comment l'Afrique peut-elle se démarginaliser ?

  L'Afrique, continent en perpétuel mouvement, constitue une chance pour le monde, peut devenir un acteur stratégique international, sans toutefois aller s'hasarder à dégager des procédés endogènes irréfléchis, il lui faut définir ses propres chemins, ses propres voies en tirant parti de deux réflexions, à savoir : 1) le transfert de ressources comme contrepartie du transfert de technologies - 2) la bonne gestion solidaire de ces ressources entre pays africains pourvus et pays africains dépourvus ; à partir de là, obligation leur est donnée a) de mener une vie politique commune (en repensant une nouvelle politique panafricaine inspirée par la nouvelle configuration géopolitique dans le cadre des relations Nord/Sud ; En comblant le fossé numérique découlant du système-monde ; En associant notre pouvoir créateur africain à toute problématique de gouvernement) b) de mettre en place une poitique de défense globale (l'approche des conflits nationaux et internationaux réclame une solution d'ensemble) c) Mais surtout d'oeuvrer à une indépendance économique, énergétique, en prenant compte des atouts qu'elle posséde (démographique, agriculture, pêche, élevage, forêt, ressouces minières) dans un regroupement sous- régional ou régional (tel NEPAD)

  notre devoir est de tenter d'opérer le passage d'une mondialisation imposée donc subie à une globalisation consentie et participative, car plus que tout notre dignité d'Africain doit être dissociée d'une quelconque forme de développement, car comme aimait à le dire le poète-président Léopold Sédar Senghor : " NIT MOY GARBIT UT NIT " ( l'Homme est le remède de l'Homme)

   Existerait-il encore un espace, une place, entre l'imaginaire et le tabou, l'interdit, qui puisse nous permettre d'esquisser, d'espérer quelque chose ?         

 

                        Docteur Yves Kounougous - Philosophe - Brazzaville (Congo) /  Paris (France)

 

 

 

 

 

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