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Les ECHOS du CIREF
1 avril 2014

"Non, l'Afrique n'est pas mal partie ! " - Renaud Girard - Journal le Figaro - 14/01/2014 - Paris (France)

Un article intitulé  " Non, l'Afrique noire n'est pas mal partie !  " écrit par Renaud Girard et publié dans le Journal le Figaro du 14/01/2014 nous a interpellé à plus d'un titre et fait réagir dans le cadre de ce que l'on désigne comme une pensée à contre courant. les premières interrogations que l'on est en droit de légitimement se poser se ramènent à se demander s'il s'agit encore d'un de ces africanistes  " donneurs de leçons " et/ou  " pseudo-visionnaires " ? ou d'un  "passionné ",  d'un " amoureux " de l'Afrique qui n'y a jamais ou presque pas mis les pieds ? ou est ce le fait d'un personnage bien intentionné (il en existe) sans plus.

  Les réponses à ces questions préliminaires nous auraient apporter un complément d'éclairage sur le rédacteur, le contexte dans lequel son article a été rédigé, et les enjeux avoués et inavoués que celui-ci secrètent  et dévoilent et que nous sommes en droit d'apprécier.

  La référence à l'ouvrage " l'Afrique noire est mal partie " de l'agronome français René Dumont aujourd'hui décédé, apprécié par tous les universitaires africains et européens d'une certaine génération, préoccupés par le mal développement de l'Afrique, est un gage de sérieux, mais la réflexion qui s'ensuit, dans son désir de donner, d'apporter une nouvelle vision de l'Afrique, prête à confusion, est sujet à controverses.

  - " Peut-on en 2014, toujours dire que l'Afrique noire soit mal partie ? Nous répondrons (Renaud Girard) non ! " et d'égréner les raisons de son positionnement.

   - La première idée émise par Renaud Girard tend nous faire croire que  " les graves crises de gouvernance politique et de démembrement territorial sont des arbres qui cachent la forêt, que le délitement de l'Etat et le dépérissement de la cohésion nationale ne sont pas la règle ailleurs. Pensons à tous ces pays qui naguère connurent la guerre civile et qui aujourd'hui se développent pacifiquement " , cette analyse est en partie erronée car la crise de gouvernance politique que traverse certains pays d'Afrique pour ne pas dire la majorité est d'ordre structurel car l'Etat africain a été conçu et pensé pour répondre à des intérêts et des objectifs extravertis, donc étrangers à ce qui devrait être sa véritable fonction qui est avant tout d'assurer le bien être et la santé des populations dont il a la charge, je reviens d'un éième séjour au Mali qui n'est pas ma patrie d'origine où les contacts plus que chaleureux d'avec les populations, et malgré les efforts des Politiques, côtoient, contrastent avec l'extrême pauvreté et la rudesse de la vie, on pourrait faire le même constat à des degrés divers pour chaque pays d'Afrique. La prétendue cohésion nationale, socle et levier de l'unité nationale est une illusion dès lors que n'ont pas été pensés à la base, au départ, des mythes fondateurs communs ; un référentiel qui transcende l'imaginaire populaire et les intérêts particuliers ; une niche qui tient lieu de plus petit dénominateur commun.

   - La seconde idée est que  " ces nations ne sont pas encore parvenues à mettre en place un Etat de droit aussi efficace et intégre que celui du Ghana (la star incontestée en Afrique noire) mais c'est l'objectif premier que leurs dirigeants se sont fixés publiquement (...) la gouvernance politique progresse partout en Afrique même si cette route est cahoteuse, voire accidentée " , cette seconde idée  pose plus de problèmes qu'elle n'en résoud : le modèle des démocraties occidentales est-il transposable à l'Afrique ? celles-ci ont montré leus limites dans bien des domaines (droits de l'Homme, Libertés, abus de pouvoir etc...) mais les Etats africains ne sauraient se dispenser de cette idée chère à Montesquieu et à Tocqueville qui privilégie une séparation entre le pouvoir législatif, exécutif, judiciaire, favorisant ainsi un certain équilibre et l'émergence de contre-pouvoirs qui sont nécessaires, dignes de démocraties naissantes ; Car en Afrique, en fin de compte les prétendues oppositions jouent le jeu des pouvoirs en place et enrayent les mécanismes d'alternance plus qu'elles ne les facilitent ; de surcroît, vouloir placer le Ghana sur la première marche du podium en matière de démocratie n'est pas à proprement parler un signe d'encouragement car ne lui fait on pas la part trop belle au détriment de pays comme l'Afrique du Sud qui n'a plus rien à (dé)montrer en la matière

   - La troisième idée considère  "  qu'avec le développement exponentiel de l'Internet sur le continent, les citoyens africains ne seront plus aussi facilement manipulables par leurs gouvernements, qui en majorité sont encore plus ou moins autocratiques " Si Internet ou les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC) en général sont des outils au service de l'information, c'est vite oublier que transformés en instruments de propagande par les Etats africains, ils peuvent aussi s'ériger en première instance de désinformation, d'intoxication des publics africains auquels ils s'adressent.

   - La dernière idée dresse un panorama économique idyllique du continent (croissance supérieure en moyenne à 5% par an ; productivité du travail en augmentation de plus de 3 % par an ; énorme potentiel de développement dans le domaine agricole, de l'exploitation minière) on pourrait rétorquer à l'auteur que l'Afrique du Sud mise à part, nous ne voyons pas d'autres locomotives économiques et industrielles en Afrique du fait de leurs économies extraverties qui sont à la traîne et qui ont de plus en plus de mal à faire face à la concurrence qu'impose la mondialisation, de plus les chiffres annonçés sont trompeurs et répondent à une volonté de saupoudrage car ils omettent et sous-estiment la plupart du temps l'indice de vulnérabilité d'un pays, enfin qu'attendre de plus lorsque la majorité des pays africains se retrouvent en queue de peloton en matière d'indice de développement humain ?

    Disons pour terminer sans conclure que l'Afrique mérite des encouragements mais qu'elle est loin d'être sortie de sa zone de turbulences

 

      Docteur yves kounougous - Philosophe - Paris (France) 

  

 

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