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Les ECHOS du CIREF
1 septembre 2016

L'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE AFRICAINE - PROFESSEUR GREGOIRE BIYOGO - LIBREVILLE (GABON) - PARIS (FRANCE)

 

  L' Un des paradoxes ayant longtemps tétanisé la philosophie africaine (écrite en langue française, anglaise, lusophone, germanophone, arabe, ou même dans les langues endogènes depuis au moins la première moitié du XX siècle), c'est de n'avoir point suffisamment été étudiée dans le monde, pas même au sein du continent africain, où l'on était en droit d'en attendre un travail de réception relativement consistant. D'autant que cette philosophie fait aujourd'hui l'objet de travaux de plus en plus nombreux et importants (Thèses, Monographies, Dictionnaires, Evaluation des notions... Colloques, Enseignements, Bibliographies). Pour la comptabilité et la statistique de ce travail, le lecteur pourra se reporter à notre Bibliographie classificatoire et sélective des oeuvres de la philosophie et de l'égyptologie africaines (Harmattan, 2011) , Pourtant en dépit de l' ampleur de ces travaux, elle est longtemps demeurée dans une posture de confidentialité.

 2) L' autre difficulté, et non des moindres, c'était l'approximation et la faiblesse avec lesquelles on découpait tant bien que mal son objet et les articulations internes qui le ponctuaient, sans en définir fermement les termes, les méthodes, les concepts, et les grandes controverses, ni mêmes s'attacher à déterminer avec rigueur la critériologie qui autoriserait le dénombrement exhaustif des périodes qui en scandait le mouvement.

3) Enfin, le principal obstacle qui laminait cette pensée, c'était de s'écrire sans s'accorder l'exigence préliminaire d'élaborer sa propre histoire, cette philosophie s'était exonérée le plus important : dérouler l'histoire des séquences de sa discipline. Elle a donc fonctionné de la sorte au moins jusqu'à assez récemment sans pouvoir se regarder dans l'étendue de ses productions internes, sans se raconter, ni se penser dans la totalité de ses publications et de ses territoires heuristiques. 

4) Sans doute trouvait-on ça et là quelques textes de synthèse de ses publications les plus récentes mais le déficit flagrant de la définition de ses objets, la non formulation de ses interrogations cardinales, en l'occurence son assignation à se prononcer sur les origines de la philosophie elle-même, en tant que cette question est la sienne en propre, son échec à définir ses enjeux, à se poser comme le discours unitaire de l'ensemble des activités de la philosophie dans le continent africain, voire dans un horizon idéel autrement plus vaste (puisque cette philosophie n'exclut pas de prendre en charge la philosophie afro-américaine (Jeki Kinyongo, Epiphanies de la philosophie africaine et afro-américaine - Esquisse historique du débat sur leur existence et leur essence (1989)...autant de manques ont privé la philosophie africaine du récit de son histoire, au sens ricoeurien où raconter et penser sont une seule et même chose.De fait, ce discours pouvait-il se constituer comme un champs autonome, unitaire et autoréflexif sans revenir sans cesse à sa propre histoire et à l'histoire générale de la philosophie ? la philosophie peut-elle vivre sans élaborer sa propre histoire et sans se référer à l'histoire générale de sa discipline ? Ainsi donc, l'enseignement de cette philosophie, la recherche universitaire et sa réception ont souffert de l'absence et de l'oubli dévastateur d'une écriture de l'histoire de la philosophie, précepte que, au demeurant recommandait Cheikh Anta Diop dans  "  Philosophie, Science et Religion "

II/ LA NAISSANCE D'UNE HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE AFRICAINE

 1) Lorsque cette philosophie parvient à sa maturité, et devient particulièrement attentive à l'exigence d'une géographie philosophique ferme (géo-philosophie), et à l'impératif d'évaluation de la multiplicité de ses productions internes ou de ses réceptions, lorsqu'en elle a augmenté le souci légitime de décrire avec précision ses objets, sa périodicité, ses avancées et de les quantifier, puis de les qualifier, ainsi que le besoin de prononçer un jugement critique sur ses différentes activités dans le temps même qu'elles se faisaient, alors se sont ouvertes à nous les conditions objectives de l'élaboration d'une histoire de la philosophie, elle-même inséparable de l'histoire des sciences. 

2) Certes trouvait -on avant cette oeuvre le travail important de Smet, qui a posé les prémisses pertinentes et courageuses d'une histoire de la philosophie africaine mais dont l'objet en est resté à l'état d'émiettement, les méthodes imprécises, la périodicité générale discutable, et les définitions internes pour le moins essentialistes. Le péché de ce programme est d'avoir choisi d'écrire une histoire de la philosophie sans au préalable en exposer les définitions et les conditions de possibilité...sans donc la rattacher à la longue chaîne de travaux de la discipline elle-même.

3) Si en Occident le premier texte de la discipline s'énonce rigoureusement avec Vie, doctrine et sentences des philosophes illustres, 2 vol. pour la traduction française, la notice et les notes de Robert Genaille (Flammarion, 1965) , où Diogène Laerce inaugure l'histoire de la philosophie, rend compte des philosophes illustres grecs, en présentant leur formation, leur vie, leurs doctrines particulières ainsi que les liens existant entre elles (bien qu'il ait moins bien réussi),  puis en racontant enfin leur fin, signalant parfois leur postérité, cette histoire de la philosophie ne surviendra en Afrique formellement qu' au début du XXI siècle, en 2005-2006 avec la publication de nos livres aux Editions l'harmattan d'une Histoire de la philosophie africaine (Livre 1 .Le berceau égyptien de la philosophie, Livre 2 Introduction à la philosophie moderne et contemporaine, Livre 3 . Les courants de pensée et les ouvrages de synthèse, Livre 4. Entre la postmodernité et le néopragmatisme.

4) On trouve aussi le travail du philosophe camerounais Hubert Mono Ndjana, posé comme le second projet d'une histoire de la philosophie africaine, publiée chez l'harmattan , en 2009. Encore que le déficit flagrant de ce travail soit d'avoir occulté la première histoire de la philosophie africaine publiée cinq années avant sa parution, de surcroît dans la même maison d'Edition, et de part en part, avec des références à des textes redevables à cette oeuvre pionnière de 2005 ! Si l'on ajoute à cela que ces livres sont enseignés au Cameroun, l'on ne peut que s'étonner de la témérité du choix de scomotiser ce travail. En effet, l'auteur de ce second livre d'histoire de la philosophie africaine connaissait nécessairement l'existence de ce travail dont il reprend par ailleurs in extenso le titre, mais n'en a pas moins fait le choix téméraire et suspect de le taire. Etait -ce pour s'octroyer le monopole de la création de la discipline ? le revers d'une telle rature paresseuse et insoutenable  est que l'historien de la philosophie camerounais ait reconduit l'ensemble des objections, des réfutations, des paralogismes, et des critiques méthodologiques, logiques et politiques graves qui ont été formulées contre toute entreprise d'élaboration hasardeuse et approximative d'une histoire de la philosophie, sans définition préliminaire du genre, sans débattre de la périodisation, de la formation des penseurs, des liens entre les différents courants de pensée, des problèmes relatifs aux histoires philosophiques écrites en Occident ou en Orient. Ce texte en est ainsi venu à endosser les critiques nombreuses incriminées, pour n'avoir pas cité la première histoire de la philosophie africaine stricto sensu , écrite en 4 volumes, n'en a pas moins été comptable des objections. L'autre difficulté inéluctable et ruineuse qui en a découlé est d'avoir omis de faire l'examen des problèmes et des questions internes à ce discours, en l'occurence la justification du choix d'un corpus, des périodes, des méthodes...A quoi s'ajoute le déficit permanent de la référence aux historiens de la discipline eux-mêmes, l'ignorance complète de la question des origines de la philosophie, la non qualification des connaissances produites par les auteurs, la méconnaissance stupéfiante d'un très grand nombre de travaux universitaires contemporains, qui précisément avaient mis en oeuvre les premières spéculations académiques.

L'intérêt de cet ouvrage est cependant ailleurs, dans son ouverture aux aires culturelles anglo-saxonnes, maghrébines, lorsqu'il n'est pas remonté aux périodes les plus anciennes d'Egypte, en examinant non sans intérêt la période alexandrine, réappropriée comme un moment qui serait propre à la philosophie africaine elle-même, bien qu'aucune justification philosophique ferme ne vienne étayer une telle revendication. L'ouvrage tente aussi une synthèse des grands courants de cette histoire philosophique, sans toujours au demeurant se prononçer sur la valeur des oeuvres étudiées, ou simplement évoquées, Ainsi donc, la taxinomie de cette histoire philosophique s'impose.

 I/ TAXINOMIE

    La taxinomie est l'étude du découpage et de la classification formelle et rationnelle des oeuvres au sein d'un champ de recherche donné, ici l'histoire de la philosophie africaine. Il faut concéder que jusqu'ici, les découpages proposés au sujet de ce discours sont demeurés à la fois incomplets et lacunaires, ou simplement inexistants selon les régles de l'art. Or ce que l'on attend d'une taxinomie, c'est qu'elle élabore les différentes périodes d'un discours de manière convaincante car c'est le point de départ de toute recherche systématique. Voici donc comment on peut aujourd'hui périodiser cette histoire, autour de cinq grandes périodes qui, elles-mêmes se subdivisent en courants internes.

  - Les 3 grandes périodes de l'Histoire de la Philosophie africaine.

    Dans  le découpage actuel de cette aventure philosophique, l'on peut distinguer cinq grandes périodes , avec en leur sein, des découpages variées.

   1) LA PHILOSOPHIE ANTIQUE ET LE BERCEAU EGYPTO-NUBIEN DE LA PHILOSOPHIE ET DES SCIENCES ( III millénaire au XII siècle avant notre ère)

        Ce qui frappe et ce qui est nouveau dans cette histoire philosophique, c'est l'hypothèse renversante de l'origine de la philosophie en Afrique. Notamment en Nubie (Claude Summer lequel a mis en lumière cette bravade de la présence de textes de philosophie dans le berceau éthopien, Ethiopian philosophy, 2 volumes, 1974-1979) Sans doute n'en a t-il pas tiré comme nous la déduction de la naissance de la philosophie stricto sensu en Nubie, mais les matériaux qu'il donne permettent cette déduction lourde de conséquences. Certes les égyptologues, les dépositions des auteurs Anciens, les historiens de la philosophie (de Diogène Laerce à au moins Emile Bréhier) avaient-ils déjà attiré l'attention sur l'idée que la philosophie grecque n'était pas une invention spontanée, mais qu'elle procédait de l'Orient. Mais les choses en étaient restées là, jusqu'à ce que l'école allemande ait fait des investigations trouvant en Egypte même les sources lointaines de cette pensée grecque.

- Puis les philosophes africains ont pris le relais, ils ont poussé cette recherche, et établi les origines égyptiennes de la philosophie grecque. Ce fut d'abord le travail exegétique de Cheikh Anta Diop, qui le premier a démontré la dette philosophique et de la science grecque à l'égard de l'Egypte (" Antériorité des civilisations nègres - 1967 - et Civilisation ou Barbarie - 1981; deux autres ouvrages sont déterminants sur cette question ( " Stolen legacy "  et le remarquable  " The african origin of greek philosophy - 1993 de Innocent . C. Onyeweny.)

 - Puis ce furent les premières investigations à la faveur de la redécouverte de cette pensée philosophique et scientifique, même si ici, elle fonctionne encore sur le mode faible de l'exhumation, et non de la mise en oeuvre critique des acquis, qui plus est, en passant outre les problèmes méthodologiques de la critique des sources, et épistémologiques du lien entre les Ecoles de pensée, ou même celui de l'évaluation des résultats par rapport à la production philosophique étudiée, avec une mise en perspective dans son dialogue avec les autres sources (méthode de croisement des sources) Mais dans tous les cas, avec ce texte étonnant de Théophile Obenga, la philosophie africaine se met soudain à redécouvrir son héritage philosophique et scientifique égyptien millénaire la philosophie africaine de la période pharaonique 2780 - 330 avant notre ère - 

    La philosophie antique développera ensuite la question ancienne de la naissance des mathématiques dans le foyer égypto-égyptien, dont la plus ancienne attestation nous vient d' Aristote, Métaphysique I , puis de Diop, Antériorité de la civilisation nègre (1967), Civilisation ou Barbarie (1981), Théophile Obenga, La géométrie égyptienne, Contribution de L'Afrique Antique à la mathématique mondiale (1985), Malolo Dissake, Mathématiques pharaoniques égyptiennes et théorie moderne des sciences (2005) ... Ces deux derniers auteurs citant à juste titre l'ouvrage de Sylvia Couchaud, Mathématiques égyptiennes, Recherches sur les connaissances mathématiques de l'Egypte pharaonique (1993) Mais les dépositions les plus formelles sont données par es Papyrus eux-mêmes...

   - Ensuite l'exposition pertinente des  5 grandes Ecoles philosophiques égyptiennes (Grégoire Biyogo, Origine égyptienne de la philosophie, 2000) et le dénombrement des penseurs Grecs, élèves des philosophes égyptiens dans son Histoire de la philosophie africaine, 4 vol. Vol I L berceau égyptien de la philosophie.

  - L'exegese de la pensée philosophique memphite et armanienne est envisagée par Mubabingue Bilolo   " Les cosmo-philosophies théologiques de l'Egypte antique (3 vol. 2000-2004)

 - Il convient aussi de signaler le texte des actes du colloque de Yaoundé dirigé par Gabriel Ndinga et Georges Ndoumba   " Relecture critique des origines de la philosophie et ses enjeux pour l'Afrique - 2004. La référence à M. de Paw et Masson Oursel est indispensable, qui ont contribué à l'évaluation de la pensée philosophique et de la science égyptienne, en en soulignant la dette grecque. Masson Oursel, successivement dans  " Recherches philosophiques sur les Egyptiens et les Chinois - 1774 - et  " Histoire de la philosophie, Fascicule supplémentaire : La philosophie en Orient, préface de Emile Bréhier dont il était le disciple (1969)

- Mais aussi l'archéologie philosophique du moment alexandrin (Théophile Obenga : LEgypte, la Gréce et l'Ecole d'Alexandrie, 2006), cette période qui vient d'être re-territorialisée par les historiens de la philosophie africaine comme un moment propre à l'histoire de la philosophie africaine, comprend des philosophes comme Philon d'Alexandrie, Flocus, Tertullien, Origène, Plotin, Saint Augustin (ces deux derniers Penseurs ont été étudiés par Mubabinge Bilolo, Michel Kouam : Esthétique II, Beauté et Vie spirituelle. Essai philosophique de confrontation : Plotin, St Augustin et l'Afrique.

  2) LA PHILOSOPHIE MEDIEVALE DES EMPIRES AFRICAINS (XIII siècle jusqu'au XIX siècle)   

        Après la philosophie antique, vient la philosophie médiévale, laquelle est demeurée longtemps assez mal connue . Pour autant , elle fait aujourd'hui l'objet de spéculations philosophiques et a donné lieu à des résultats surprenants, qui ont émergé dans le contexte des Universités prestigieuses où l'on a assisté à la relecture d'Aristote, de Maimonide ... et de la pensée arabe, avec la découverte de l'algèbre...Mais plus que tout cela c'est la rencontre de figures de la philosophie médiévale d'Afrique qui la rend importante. Les grands noms de cette période sont ceux de Ibn Khaldoun de Tunis ( 1332-1406) Ahmed Baba de Tombouctou (1556-1627), ZERA yacob de NUBIE (1599-1692).

       - Puis au soir de cette période, émerge une période intermédiaire, avec le grand philosophe ghanéen Antoine Guillaume AMO dont l'oeuvre novatrice a été révélée dans la philosophie africaine par le philosophe béninois Paulin Hountondji  " Sur la philosophie africaine , critique de l'ethnophilosophie " (1977). D'autres ont depuis entrepris d'en connaitre la pensée, dont entre autres Simon Mougnol  " Un noir professeur d ' Université en Allemagne au XVIII siècle (2010) Puis par les historiens de la philosophie eux-mêmes (Grégoire Biyogo, Histoire de la philosophie africaine, Vol 3 - 2006)

  3) La philosophie moderne et contemporaine (1945-1990)

      après la philosophie antique et médiévale, on arrive au moment de la philosophie moderne et contemporaine, la moins connue, et la plus abondante. 

      Le moment du Tempelsianisme , avec la publication évènementielle en 1945 à Elisabethville de la philosophie bantoue du Révérend père Tempels, qui la pose comme celui de la naissance desTemps modernes . Cette oeuvre a donné droit à une immense littérature philosophique allant de Kagame son disciple immédiat (avec ses essais décisifs  " la philosophie bantu rwandaise de l'être (1965) et plus tard " la philosophie bantu comparée (1976 ) à Maniragba Malibutsa, auteur de  " les perpectives de la pensée philosophique bantu rwandaise " après Kagame  jusqu'à Ngoma Binda et à Souleymane Bachir Diagne...) le néo tempelsianisme et le néo Kagamisme tentent de renouveler le paradigme de l'ethnophilosophie, avec l'exploration des textes endogènes, en se dégageant des incohérences logiques du texte de Tempels , tout en en tirant les grandes intuitions vitalistes, notamment la théorie de l'interaction universelle des forces.

    A) La phlosophie critique continentale (1997-2000)

        Tout commence avec la critique méthodologique et logique du discours de l'ethnophilosophie et la naissance de la critique politique (Eboussi Boulaga et son livre vigoureux  " la crise du Muntu, Authenticité africaine et philosophie (1977) qui intensifie les analyses déjà pertinentes consignées dans la  "Bantu problématique. Une étrange alliance des mots " (1966).

        Puis Martien Towa qui en ponctue la critique politique avec ses textes denses  " Essai sur la problématique philosophique camerounaise dans l'Afrique actuelle (1971), " l'idée d'une philosophie négro africaine  " (1979), cette critique va devenir une déconstruction des dogmes, des paralogismes et de la mystification politique qui en découle. D' où la critique alors courageuse de l'Etat parti et l'appel à l'avènement de l' Etat de droit Chez Paulin Hountondji  " Sur la philosophie africaine " (1976) et " Combats pour le sens " (1997). Féconde, autocritique, ruinant les dernières idoles de l'ethnophilosophie, le courant criticiste va créer un nouveau style philosophique et rendre possible la modernité philosophique en Afrique, laquelle est d'abord récusation systématique des récits de légitimation philosophique de la violence de la rationalité unilatérale et de la servitude subséquente.

     B) La naissance de la modernité et de la post modernité africaine (1981- 2011)

        C'est avec la figure inaugurale de Cheikh Anta Diop, que l'Afrique philosophique entre en modernité comme avec Descartes en Occident. Diop rompt avec le logos d'une science qui justifie la domination sur l'Afrique , et plus généralement sur les Autres. Relisant la science de son temps (biologie moléculaire, physique nucléaire, anthropologie physique, il balaie les préjugés, et invite à l'élaboration d'une épistémologie des sciences humaines. C'est dans le texte éponyme " Civilisation ou Barbarie " (1981) qui énonce avec l'autorité qu'on lui connaît ce précepte méthodologique et heuristique du  " Retour à l'Egypte "en tant que site des sciences comme l'Occident a opéré au sujet de sa redécouverte de la Grèce comme terre du savoir

  C) Les perspectives du courant herméneutique 

     ( Okanda Okolo, Appiah, Wiredu, Ngoma Binda, Tsenay Sereque Berhan  " The hermerneutics of African philosophy : Horizon and discourse (1994)

  D) le courant logique, méthodologique et épistémologique

     ( Diop, physicien nucléaire et néo bachelardien,Souleymane Bachir Diagne, spécialiste de l'algèbre de Boole, Malolo Dissake, spécialiste et traducteur de Popper et de Feyerabend, Charles Zacharie Bowao, logicien, spécialiste de Popper, Etienne Bebbe Njoh, mathématicien et philosophe camerounais, Raphael Ntambue Tsimbulu, logicien  " la logique formelle en Afrique noire, Problématique, enseignements et essais (1997), Mutunda Mwendo, logicien, Grégoire Biyogo, méthodologue, poéticien, logicien, spécialiste de Richard Rorty

  E) Le courant de la post modernité

    (en l'occurence avec la pensée de la traversée de Bidima, et la transversalité de Ouattara, la solidarité avec Kouassi, la postmodernité de Nkolo Foe... Ensuite la déconstruction de la méthode et du finalisme selon le prisme asymétrique du revenir et la critique de l'essentialisme dans l'écriture de l'histoire de la philosophie par Grégoire Biyogo

  F) Le courant de la théorie critique

    (Bidima  " Théorie critique et modernité africaine, de l'Ecole de Francfort à la  "Docta spes africana " (1993) , Bouharima Ouattara  "  Adorno et heidegger, une controverse philosophique " (1999), lire du même auteur  " Adorno : philosophie et éthique (1999)

  G) Les grands courants de la philosophie politique et du droit

        Le courant de la critique politique

        Eboussi Boulaga  " Les Conférences Nationales en Afrique Noire. Une question à suivre (1993) , Olabiyi B. Yaï  " philosophie africaine et politique en Afrique (1997), Nkolo Foe  " Le sexe de l'Etat (2002) Mamahadé Sawadogo  " La parole de la Cité. Essai de philosophie politique (2003), Ngoma Binda " Philosophie et pouvoir politique en Afrique (2004)

  H) La critique du logos tyrannique de la Traite et la dédogmatisation de la Raison

    (Sala Molins  " Le Code Noir ou le calvaire de Canaan " (1986), Biyogo " Misère des lumières, Histoire de la philosophie, Livre III)

   I) La critique du courant de la Négritude

 

      (Sartre et la critique de la Négritude, Towa, Adotevi, Pathe diagne, Abanda,  " la philosophie critique et orphique de la négritude de Biyogo)...

   J) La critique d'inspiration marxiste

       (Georges Padmore, Kwame Nkrumah, A.Cabral " l'arme de la théorie " (1973), Amady Ali Dieng, Majhemout Diop, Thierno Diop, Abdou Toure, G. A. Kouassigan, Léon Mbou Yembi, Ch Dimi  " l'Afrique noire aux oubliettes du marxisme (1989)

   k) La critique machiavélienne de l'Etat

      (André Marie Yinda Yinda)

   L) Le Panafricanisme

     (E.W.Blyden, Marcus Garvey, Web.H Campbell, Dubois, Kwame Nkrumah, Cheikh Anta Diop, Hamadou Abdoulaye Ndiaye, Alpha Amadou Sy " Africanisme et Théorie du projet social, préface d'Amady Aly Dieng (2002) "

   M) La Renaissance africaine et l'édification de l'Etat fédéral

        (Diop, Obenga, Biyogo, Bilolo)

    N) l'Afrocentricité

        Molefi Kete Asante  " l'Afrocentricité " (2003), Ama mazama  " l'impératif afrocentrique " (2003)

     O) Le courant politique de la renaissance et la libération de l'Afrique

          (Mandela, Steve Biko, Thebo Mbeki)

     P) La philosophie de l'économie et controverses autour de la mondialisation

         (Ebenezer Njoh Mouelle  " La philosophie et les interprétations de la mondialisation en Afrique " (2010), Puis Ondoua " La raison unique du village planétaire mythe et réalités de la Mondialisation " (2010), Charles Bowao, Yves Kounougous  " les approches philosophiques de la mondialisation - Présentation -évaluation (Europe- Afrique Noire Thèse ) (2008) , Gilbert Nzué Nguema  " Modernité hégélienne et Mondialisation "  Thèse, 2003, Eyene Mba  " Le réalisme de Hayek sous le prisme de la philosophie sociale de Hegel "

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Commentaires
M
Thank you very much for the invitation :). Best wishes. <br /> <br /> PS: How are you? I am from France :)
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Y
Dear Friend<br /> <br /> hello what do you want exactly ? (translation in english ? in Italian ? or what ?)<br /> <br /> <br /> <br /> Best regard<br /> <br /> <br /> <br /> CIREF
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E
(re)découvrir l'Histoire de la philosophie africaine - yves kounougous, PHd, Université de brazzaville (Congo), Université de Nice-crhi (France), NCBS (USA)<br /> <br /> <br /> <br /> - Le Professeur Grégoire Biyogo, scientifique de très haut niveau, que nous inviterons bientôt dans quelques Universités afro-américaines a rédigé plus d'une cinquantaine d'ouvrages dont cette magistrale " Histoire de la philosophie africaine " (Editions l'Harmattan - Paris - France) . Cet ouvrage, ces ouvrages devrais je dire, au nombre de quatre, peu ou pas assez médiatisés, n'en sont pas moins des livres phares, écrits par un africain, pour comprendre le déroulement et les nouveaux enjeux de la " Philosophie africaine " .<br /> <br /> Ces ouvrages et leur intitulé, véritable anthologie à l'usage de tous, revendiquent plus de 3000 ans d'histoire, et s'étalent de l'Antiquité à l'époque contemporaine, donnant, offrant ainsi quelques repères à ceux intéressés par les " remous " de la philosophie dite " africaine ".<br /> <br /> Après lui avoir consacré un ouvrage " Les sept vies du Prince des Belles Lettres " qui sortira sous peu aux Editions du CIREF, nous recommandons vivement la (re)lecture de cet opuscule (ces opuscules : quatre Tomes) pour s'approprier les nouvelles dimensions de la philosophie africaine, retrouver sa vitalité et son dynamisme, en évitant les écueils du " verbiage philosophique " et l'enlisement académique, car, dans un monde où plusieurs vérités s'entrecroisent, la Philosophie, est avant tout, comme le soulignait Jaspers " La recherche du savoir et non sa possession "
Répondre
E
(re)découvrir l'Histoire de la philosophie africaine - yves kounougous, PHd, Université de brazzaville (Congo), Université de Nice-crhi (France), NCBS (USA)<br /> <br /> <br /> <br /> - Le Professeur Grégoire Biyogo, scientifique de très haut niveau, que nous inviterons bientôt dans quelques Universités afro-américaines a rédigé plus d'une cinquantaine d'ouvrages dont cette magistrale " Histoire de la philosophie africaine " (Editions l'Harmattan - Paris - France) . Cet ouvrage, ces ouvrages devrais je dire, au nombre de quatre, peu ou pas assez médiatisés, n'en sont pas moins des livres phares, écrits par un africain, pour comprendre le déroulement et les nouveaux enjeux de la " Philosophie africaine " .<br /> <br /> Ces ouvrages et leur intitulé, véritable anthologie à l'usage de tous, revendiquent plus de 3000 ans d'histoire, et s'étalent de l'Antiquité à l'époque contemporaine, donnant, offrant ainsi quelques repères à ceux intéressés par les " remous " de la philosophie dite " africaine ".<br /> <br /> Après lui avoir consacré un ouvrage " Les sept vies du Prince des Belles Lettres " qui sortira sous peu aux Editions du CIREF, nous recommandons vivement la (re)lecture de cet opuscule (ces opuscules : quatre Tomes) pour s'approprier les nouvelles dimensions de la philosophie africaine, retrouver sa vitalité et son dynamisme, en évitant les écueils du " verbiage philosophique " et l'enlisement académique, car, dans un monde où plusieurs vérités s'entrecroisent, la Philosophie, est avant tout, comme le soulignait Jaspers " La recherche du savoir et non sa possession "
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